GREG : une nouvelle voix triste-claire
GREG dévoile avec Fracture une électro-pop heurtée où se mêlent rage, vulnérabilité et désir homo-amoureux. Entre plaintes sèches, provocations esthétiques et confessions crues.
"Où es-tu ?", telle est la question que pose de façon liminaire GREG dans son nouvel EP Fracture. Puis s'ensuit l'affirmation : "Je t'ai perdu", soulevée par une musique heurtée, stroboscopique, terrifiante, à la limite de l'angoisse. Avant cela, les bruits de gens qui parlent, qui parlent fort, désengagent la séduction d'un lieu stable. Une respiration est à bout de souffle.
Nous découvrons GREG sur les réseaux sociaux. Au début, l'hésitation. Fallait-il écrire à propos de son travail ? Non, son art était en formation. Mais la sortie de son EP marque un tournant : c'est un artiste à suivre. Abîmé par la violence des hommes, défoncé à la rage d'une société qui prétend ne pas avoir besoin de faire mieux, le jeune artiste homo-amoureux cherche à livrer les scories d'une lutte personnelle.
"Je travestirai toutes mes blessures."
La musique est électro-pop, dans la veine de Dua Lipa. Le travail textuel est dans la plainte sèche et la rengaine, à l'image des coups du sort mortifères, précis et répétitifs : "J'suis un homme / Mais je déteste les hommes / Ils font du mal à ma mère / Alors tu sais qu'ma mère c'est l'homme de ma vie." (La honte)
GREG travaille son esthétique, certains diraient un peu trop. Mais il provoque aussi. Car la douce image brisée qu'il affiche joue avec l'histoire de la représentation des homosexuels, celle que l'on construit par injonction, par réaction, celle que l'on subit, imposée par un monde violent et pervers.
"Je sais qu'ma tête chasse l'idée de réfléchir. / J'irai toujours plus vite."
Sur une base distordue, une mélodie faussement lumineuse, GREG signe avec Temps de vivre un espace de confession, de regrets, de faiblesse, sur une mélodie envoûtante. L'autre est un ennemi ; Soi est un monstre.
GREG commence à toucher la scène musicale contemporaine avec son titre Danse avec moi, en 2024, un vif hommage à la volonté de faire couple avec un homme, un cri doux face à la disparition de l'autre, celui que l'on désire. "Danse avec moi, je t'en prie." Une supplique moderne et jamais lasse.
JE VOUS VOIS soutient GREG, un artiste à suivre absolument. Avec son mélange de rébellion et de vulnérabilité, il bouscule les normes et défend ouvertement l’homoamour et l’homosexualité dans un monde qui vire au fascisme. Son approche honnête nous confronte doucement mais sincèrement aux violences sociales et intimes, tout en offrant un espace de libération et de jouissance. GREG n’a pas peur de choquer pour exister. Et c’est pour ça qu’il faut le suivre.
La Rédaction
